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Acteurs de nos vies

un projet participatif de l’Artias

Au départ

En 2018, l’Artias lançait un projet-pilote participatif destiné aux bénéficiaires de longue durée de l’aide sociale. Pendant neuf mois, une soixantaine de bénéficiaires des différents cantons romands et de la partie francophone du canton de Berne se sont réunis pour échanger, partager, remettre en question, proposer. Pour rêver un peu, aussi. Et imaginer collectivement un accompagnement social plus en phase avec leurs besoins.

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L’objectif était double : d’une part, renforcer le pouvoir d’agir des personnes à l’aide sociale et, d’autre part, améliorer les dispositifs de prise en charge grâce aux savoirs partagés par les personnes concernées.

Si l’approche consistant à concevoir, mettre en place et évaluer les prestations sociales avec les personnes concernées n’est pas nouvelle, le « faire ensemble » au lieu du « faire pour » reste l’exception plutôt que la règle.

L’Artias a estimé que l’expérience de vie des bénéficiaires de l’aide sociale était une source d’expertise et de connaissance tout aussi valable que celle d’autres acteurs. Il s’agissait alors de proposer un espace pour que cette parole émerge, qu’elle se structure et qu’elle soit écoutée. La démarche a immédiatement suscité l’intérêt de plusieurs bénéficiaires.

En plus d’aboutir à des propositions fort intéressantes de la part des participantes et participants, en plus de proposer une manière de travailler avec les bénéficiaires qui peut être reproduite dans d’autres contextes et à d’autres échelles, le projet aura été une riche expérience humaine pour toutes celles et tous ceux qui s’y sont impliqués.

Déroulement du projet

Dans un premier temps, un comité de pilotage (Copil) composé notamment de responsables de services sociaux des différents cantons romands a été créé. C’est dans leurs services que les participants prêts à se lancer dans l’aventure ont été recrutés.

Un membre du Copil nous parle de ses motivations à participer au projet.

Répartis dans quatre groupes d’une quinzaine de personnes, les participants ont travaillé collectivement de novembre 2018 à juin 2019 à raison d’une rencontre d’une demi-journée ou d’une journée par mois environ, pour élaborer des propositions d’améliorations de l’accompagnement social à partir de leurs expériences et de leurs besoins. Les lieux de travail, accueillants afin que les bénéficiaires s’y sentent bien, était répartis sur quatre villes : Yverdon-les-Bains, Genève, Sion et Neuchâtel.

Chaque groupe était accompagné dans son travail par une équipe d’animation professionnelle au profil différent.
Toutes les quatre au bénéfice d’une expérience dans les méthodes d’animation participative, les équipes d’animation ont veillé à accorder aux participants une place prioritaire et une grande liberté d’organisation.
Chacun devait pouvoir s’exprimer sur son vécu à l’aide sociale sans jugement.

Très rapidement, des craintes ont été exprimées : et si les rapports et les propositions des groupes finissaient « dans un tiroir » et que tout ce travail ne servait à rien ? L’Artias a alors proposé aux participants qui le souhaitaient de prendre en charge sa journée d’automne annuelle pour présenter leurs expériences et propositions. Une vingtaine d’entre eux se sont engagés avec beaucoup de sérieux et d’enthousiasme dans cette nouvelle étape du projet.

La journée d’automne s’est tenue le 28 novembre 2019 au Musée Olympique de Lausanne et a affiché complet.

Vécu à l’aide sociale et propositions d’améliorations

En 2020, les participants qui l’ont souhaité se sont lancés dans un travail de rédaction d’une synthèse des propositions contenues dans les rapports des groupes, afin de produire un document qui puisse être diffusé. Leur vécu à l’aide sociale a été divisé en trois phases : l’arrivée à l’aide sociale, le vécu à l’aide sociale et la sortie de l’aide sociale. Pour chacune de ces phases, des propositions ont été faites.

Au moment de l’arrivée à l’aide sociale, les propositions des participants expriment notamment le besoin de temps pour pouvoir tisser un lien de confiance avec leur assistant social, mettre à plat les problèmes, trouver les ressources pour les résoudre et pouvoir rebondir. Ecoute et respect de la dignité devraient être au centre de l’accueil.

Être à l’aide sociale, c’est vivre avec le minimum vital. Les participants ont souligné la difficulté d’être sans cesse limités dans leurs activités sociale ou de loisir, ce qui peut conduire à un repli sur soi voire à l’isolement.

Avant la sortie de l’aide sociale, il peut y avoir une phase d’insertion socio-professionnelle. Cette étape devrait respecter certaines conditions pour être vraiment profitable pour le bénéficiaire.

La sortie de l’aide sociale ne signifie souvent pas la fin de la précarité.

D’une part, la question des dettes qui attendent à la sortie représente une vraie préoccupation pour les participants. D’autres part, un accompagnement social peut s’avérer nécessaire pour reprendre la gestion de l’administratif et des frais supplémentaires à gérer.

Effets de la participation

Pour que le projet puisse servir d’exemple de processus participatif et inciter d’autres acteurs à en reproduire l’esprit, il a été question dès le départ de mettre en place un suivi scientifique de la démarche. Cela a permis de la documenter et d’en tirer des leçons qui peuvent servir d’enseignement pour les services et professionnels de l’aide sociale qui souhaiteraient se lancer dans des processus similaires.

L’évaluation scientifique a été confiée aux chercheuses de la HETS-FR Sophie Guerry et Caroline Reynaud. Sur les bénéficiaires qui ont participé au projet, elles ont observé des effets positifs notamment au niveau identitaire, de la santé psychique et de la vie sociale.

Le fait de devenir membre d’un groupe a permis aux participants de sentir la force du collectif. Echanger, se sentir appartenir, retrouver ensemble un sentiment de dignité : tout cela semble avoir représenté un soutien important.

Sur d’autres acteurs, le projet aura également eu des effets, comme une réflexion sur certaines réalités vécues par les bénéficiaires ou encore l’envie de procéder à des changements.

Lire le rapport d’évaluation du projet >>>

A suivre...

La participation collective des personnes à l’aide sociale, c’est possible ! Les personnes, si elles sont prises au sérieux, réalisent un travail sérieux, intéressant, utile. Elles s’épanouissent lorsqu’elles sont considérées et respectées. Elles retrouvent une dignité dans l’échange avec le groupe. Le fait d’avoir participé au projet a d’ailleurs donné à des bénéficiaires de l’aide sociale l’élan pour se lancer dans la constitution de leur propre association, comme l’Association Construire demain et l’Association Sociale POUR Neuch, fondée officiellement le 15 décembre 2021.

Dans les services sociaux également, il est possible d’intégrer davantage la voix des personnes concernées. Comment, avec qui, avec quels outils ? L’histoire n’est pas terminée, de nouveaux chapitres restent encore à écrire !

Pour en savoir plus
Pour en savoir plus

Si vous avez des questions concernant ce projet ou si vous voulez partager vos expériences participatives avec nous, vous pouvez nous écrire

info@artias.ch

Remerciements :

Illustrations : Sophie Gagnebin
Développement : Pablo Diserens